Hugo Le Clech aux Jeux Olympiques ?

Hugo le Clech, jeune navigateur de 20 ans, licencié à la Société des régates de Térénez, a intégré l’équipe de France Junior de 470 en septembre 2020. Son ambition : participer aux JO de Paris en 2024 aux côtés de sa coéquipière Colombe Julia.

Le 22 décembre 2020, la municipalité de Plougasnou a signé avec Hugo
le Clech une convention pluriannuelle pour l’aider à financer son entraînement en équipe de France au Portugal. En contrepartie, Hugo viendra présenter aux élèves de Plougasnou sa passion, son parcours, les exigences et les joies d’un sport qu’ils seront amenés à pratiquer eux même au cours de leur scolarité au sein des établissements scolaires de la commune.

Hugo recevra de la municipalité 2 500 € par an pendant les 4 ans qui le séparent des Jeux olympiques de Paris, soit en tout 10 000 €. 

Comment as-tu compris que la voile était une vraie passion ?

Je suis issu d’une famille de marins, mon père faisait de la course au large, aujourd’hui, il est “boat captain” pour la team Charal. J’ai tiré mes premiers bords à l’âge de deux ans en Caravelle avec mes parents. Ça aide à faire naître des vocations, une configuration familiale pareille ! 

Mon père qui connait bien les contraintes de la voile m’a plutôt encouragé à faire un sport collectif, comme le basket. Je me souviens, il m’avait dit “C’est bien, c’est pas cher, t’as juste une paire de baskets à acheter et hop !”. Sauf que je me suis assez vite rendu compte de ma vocation. Un jour, je lui ai dit “Papa, je veux faire de la voile”. Curieusement, il n’a pas été surpris !  Ma mère encore moins, d’ailleurs elle a joué un rôle primordial dans mon orientation vers la section Sport Études.

Lors des entraînements d’hiver à Vilamoura dans le sud du Portugal en novembre 2020.

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Au début, je naviguais en Optimist, “les petites caisses à savon”, puis je suis passé au 420, et là, j’ai eu envie de rentrer au Pôle Espoir à Brest (structure de l’Adonnante, Sports Études avec le lycée Kerichen), j’y ai passé trois ans, j’ai eu des bons résultats.  La première année, on a fait quatrièmes au championnat d’Europe Jeune, ça nous a permis de continuer, l’année d’après au championnat d’Europe Senior, avec des plus vieux que nous, on a fait neuvièmes, la dernière année, on a fait un top 15 mondial, c’est comme ça que j’ai réussi à passer en 470. A cette époque là, je naviguais en équipage garçon.

C’est comment de naviguer avec Colombe ?

Alors, déjà, on n’est pas un équipage tout à fait ordinaire  : souvent, ce sont les garçons qui sont équipiers, parce qu’il faut beaucoup de force et avoir un poids suffisant. Moi, j’ai plutôt un profil de barreur.  

Comme on peut faire usage de sa force physique, l’équipier a le droit de se décrocher de sa ceinture de trapèze, de  donner des coups de bassin pour faire gonfler les voiles, et pour ça, il fallait que je trouve une fille qui ait vraiment le gabarit et aussi le poids suffisant pour être performants ensemble. Si on n’a pas le poids optimum, le bateau ne peut pas être au top de ses capacités.

En équipe de France, sur les trois équipages sélectionnés il y a deux équipages avec une barreuse et un équipier, on est le seul équipage qui a inversé les rôles !

Qui peut prétendre à participer aux JO ?

Il faut participer aux Championnats du monde et se qualifier chaque année ; c’est pour ça qu’on a des entraînements très intenses. On sera au taquet pour 2021, 2022 et 2023.

Peux-tu nous décrire ton emploi du temps en période d’ entrainement ? 

Déjà, on a un sacré voyage à faire pour rejoindre la côte sud du Portugal. On a 24 heures de route qu’on fait en camion avec grande remorque qui transporte le zodiac de l’entraîneur, deux 470 de chaque côté et un au dessus du zodiac. 

On se relaie au volant avec le coach. Il faut des permis spéciaux, j’ai le permis B, je suis en train de passer le permis E  (le permis remorque) absolument nécessaire ! 

Une fois qu’on est arrivé là bas, pendant un mois on a un emploi du temps réglé comme du papier à musique : après le petite déjeuner, on attaque la prépa physique toute la matinée, ensuite on déjeune, puis on va sur l’eau, trois à quatre heures de nav’. Le soir on s’occupe de faire des réglages, de réparer les petites casses. Enfin, on dîne, on débriefe et ensuite, on est tellement épuisés qu’on va se coucher ! 

J’étais un peu fatigué quand je suis rentré à la maison pour les fêtes !

La ferme de Lescinquit

Cet article a été réalisé pour le magazine de la ville de Plouigneau. J’ai eu le plaisir d’aller discuter un matin avec Emeline Declerck, un entretien passionnant d’une femme engagée.

Horticulture durable à Plouigneau

Il y a quelques années, Émeline Declerck découvre le Slow Flower, un mouvement d’origine américaine incitant à l’achat éthique de fleurs coupées cultivées localement, une sorte de révélation qui la poussera à choisir les terres ignaciennes comme point de chute.

Un parcours atypique

Est-ce sa formation universitaire en arts-plastiques qui la mène à l’art de cultiver la fleur ? Difficile à dire. Mais ce qui est certain, c’est qu’Émeline a l’œil, elle sait repérer ce qui est beau.

Après la fac à Rennes, c’est vers la vidéo qu’elle se tourne en suivant une formation de monteur-réalisateur documentaire. Elle s’imagine déjà, bourlinguant le monde, caméra au poing. 

Finalement, ses pas la mènent au Canada, et plutôt dans le montage vidéo pour la communication et la publicité. Ça nourrit sa curiosité pendant pas mal de temps, mais ça ne correspond pas exactement à ses rêves de gosse.

En 2014, elle découvre sur le net l’existence des fermes florales aux États-Unis et en particulier en culture bio et durable. Elle est déjà très sensibilisée à la consommation locale, aux cultures respectueuses de la terre, à la notion de cycle, de saison. Elle ressent le besoin de passer à autre chose. C’est le moment de rentrer en France…

Retour sur les bancs de l’école

Comme souvent dans la vie, on revient un peu en arrière, pour prendre un nouveau départ. Pas toujours simple, toujours courageux ! Ces choix-là sont mûrement réfléchis et souvent bénéfiques. Émeline retourne aux études, direction Angers à l’École Supérieure d’Agriculture, pour boucler un BTS horticulture en un an seulement. 

L’année suivante, elle travaille pour un maraîcher bio à Saint-Pol-de-Léon tout en cherchant activement une terre pour sa future activité. Elle a bien préparé son projet, elle sait ce qu’elle veut : cette terre, elle la veut proche de Morlaix et de la RN 12, avec une habitation entourée d’une seule parcelle, elle-même protégée par des haies. Et c’est à Plouigneau qu’elle fait son choix.

Installation en horticulture BIO à Plouigneau 

C’est dans un ancien corps de ferme (sur le lieu-dit de Lescinquit) complètement dans son jus, entouré d’une prairie, qu’elle jette son dévolu. Tous les critères sont réunis pour satisfaire ses exigences. “On a cassé la prairie, on a installé les premiers tunnels, tout fonctionnait comme prévu, j’allais pouvoir mettre en application mes apprentissages !”.


“Le bio, ce n’est même pas un argument de vente, c’est pour moi une évidence”

Emeline Declerck

Malgré les difficultés des débuts, Émeline tient le cap : “J’étais parfois incomprise, le bio dans l’esprit du public, c’était quand même très lié à la nourriture et à la santé, mais c’est d’abord une question d’éthique et de respect, à la fois de la terre et des gens : quand on achète une botte de 10 roses à 3 €, c’est obligé, il y a au moins une personne qui est exploitée quelque-part dans la chaîne de production.

Depuis deux ans, les choses ont déjà bien changé ; les fermes florales se développent, le “made in France” est mis en avant. 

Le succès de la Ferme de Lescinquit

Émeline cultive entre 60 et 70 variétés de fleurs sur une année, elle désherbe à la main, elle vend en hyper local, sur les marchés et dans quelques points de vente. Peu de transport, une approche respectueuse des saisons, l’objectif d’Émeline est de poursuivre le développement de son activité dans un périmètre géographique très proche de son exploitation : “Comme pour un fruit ou un légume, c’est essentiel de respecter ce que les saisons régissent depuis la nuit des temps, il faut que les gens réapprennent à consommer des produits qui respectent la nature et qui sont produits juste à côté de chez eux”.

Cette prise de conscience du consommateur fait aussi le succès de la ferme ; il devient sensible à son environnement, à un retour aux sources qui lui permet de renouer avec une fleur non modifiée, naturellement belle : “Cultiver en local permet de proposer des fleurs qui ne sont pas vendues chez les fleuristes, parce qu’elles supportent mal le transport. C’est sur ça aussi que je peux me distinguer. ”


80%

c’est la quantité de fleurs aujourd’hui importées de l’étranger

63

C’est le nombre d’horticulteurs du Collectif de la Fleur française auquel La ferme de Lescinquit a adhéré.

60 à 70

C’est le nombre de variétés de fleurs cultivées à la ferme de Lescinquit.

1 hectare

C’est la surface de culture exploitée par Émeline Declerck.


Breizh Pastaaaaa !

Il y a dix jours, je suis allée à la rencontre de Clémentine Pelletier à Plouvorn où elle a choisi d’implanter son entreprise, un vrai moment de partage comme je les aime. Elle est de ces personnes qui font bouger les choses, qui entreprennent de manière intelligente et durable.
La nourriture a toujours été d’un grand intérêt pour Clémentine. Quand elle en parle, elle a les yeux qui pétillent. Avec Clémentine, on s’est trouvé des points communs.

Je demande souvent à ceux dont je dresse le portrait de me choisir une photo d’eux enfant. C’est une manière de se dévoiler (un peu)…

Après un début de carrière dans la Marine, elle a eu envie d’autre chose, plus orienté vers les produits alimentaires, elle a aussi eu envie de travailler pour des causes qui lui ressemblent.

Café et cacao

Après une formation spécialisée dans les achats internationaux, Clémentine est recrutée, en 2015, par La Torréfaction de la Baie. Ce nom vous dit quelque chose ? Aujourd’hui, l’entreprise s’appelle Grain de Sail et là, tout de suite, ça vous parle davantage, surtout si vous êtes morlaisien.
Grain de Sail s’appuie sur un modèle économique durable et respectueux de l’environnement, tout en garantissant la fabrication de produits de qualité (cafés et chocolats). Très prochainement, Grain de Sail devrait transporter sa matière première par voilier cargo. L’objectif est écologique, ambitieux, un peu fou, mais bien réel et vraiment novateur.

Clémentine y occupe plusieurs postes, participe au business plan, cherche des investisseurs pour la construction du premier bateau… Une expérience très enrichissante qui la mène vers l’indépendance.

Une âme de créatrice

Petit à petit, Clémentine réfléchit à créer sa propre entreprise. En 2019, elle quitte Grain de Sail avec une solide expérience. Pas vraiment par hasard : son projet est déjà mûr depuis une bonne année. Début 2020, elle crée Sympatic, une fabrique de pâtes bio en local, avec son associé Jérôme Courcoux.
Mais au juste, pourquoi des pâtes ?
“Les pâtes font vraiment partie de notre quotidien. Et puis, j’avais envie de prouver qu’on est capable aujourd’hui de créer une petite industrie en local et vendre un produit bio, bon et pas trop cher.”

Le concept de Sympatic

Le nom qu’elle choisit est porteur de ses valeurs : des pâtes sympas et éthiques. Tout est dit ! Son modèle économique s’appuie sur une production et une distribution locales pour éviter les excès de transport. Seul le blé dur vient d’Italie, parce qu’il est bon et qu’en Bretagne, on n’en produit pas.
“Notre objectif, ça va être de passer à de la semoule de blé dur française, à condition de ne pas altérer les qualités gustatives de nos pâtes”.
Comme pour Grain de Sail, l’engagement durable de Sympatic passe aussi par l’emploi d’une main d’œuvre issue d’un des établissements des Genêts d’Or (ESAT) de la région. Trois personnes et un encadrant viennent de compléter l’équipe.

Le packaging se veut moderne et clair à la fois et 100% recyclable, c’est une une question de bon sens !


“Je vois cette intégration comme un engagement solidaire, l’idée c’est de permettre à des personnes qui présentent un handicap de pouvoir accéder à un apprentissage professionnel. On travaille très bien avec l’ESAT de Landivisiau, Yann Moyou, le directeur, a accueilli l’idée avec enthousiasme et nous accompagne vraiment dans notre démarche.

Ça m’agace quand j’entends des gens me dire que j’emploie des personnes handicapées pour faire plus de profit, franchement, si ça avait été le cas, j’aurais tout automatisé”.

Les produits

La production n’a débuté qu’en août (Covid oblige !) ce qui n’a pas empêché la marque de décoller très rapidement : elle est déjà bien implantée dans le Finistère Nord. Elle propose sept produits différents. Pour le moment, la cible, c’est la grande distribution en hyper local mais Clémentine vise aussi les Biocoop et les magasins spécialisés, avec de la vente en vrac.
L’objectif, c’est de pouvoir proposer un paquet de pâtes à moins de 2,00 €. Le paquet de coquillettes Sympatic est à 1,75 € (Le Barilla en produit conventionnel est à 1,40 €), et pour du bio fabriqué en local, c’est vraiment pas mal. Et en plus, elle sont vraiment bonnes !

Les projets à venir

Bon, vous l’avez compris, Clémentine est une fonceuse. Elle envisage de se lancer dans la fabrication de toute une gamme de sauces réalisées avec des légumes d’ici et de saison. “C’est un vrai challenge ! Pour parvenir à avoir toujours en rayon six recettes, il va nous falloir en créer une bonne quinzaine”.


Dans la bibliothèque de Clémentine

Le terrifiant Shining de Stephen King, porté à l’écran par Kubrik, un classique néanmoins incontournable !

La série des aventures de Benjamin Malaussène par Daniel Pennac : une bible que je partage avec Clémentine. En plus, les couvertures dessinées par Jacques Tardi sont somptueuses !

David Vann, une série de romans noirs dont les récits s’articulent autour des rapports “père-fils”, “mère-fille”…

Visite dans un jardin d’Eden

Mercredi, je suis allée à la rencontre d’Édith Vigné. Elle m’a invitée dans ce qu’elle appelle son “jardin de poche”. Ce lieu singulier est aussi le siège de son entreprise {éden paysages}.

J’aime donner la parole à ces acteurs du territoire, vous savez, ceux qui sont un peu atypiques, qui ont des parcours de vie étonnants, qui s’investissent dans leur entreprise tout en conservant leurs valeurs. Édith en fait partie. Elle aime la nature, elle entend la respecter dans sa vie personnelle comme dans son activité professionnelle. Elle aime les gens aussi. Et puis, ses valeurs, ce sont aussi les miennes. Avec Édith, on se comprend.

Un parcours atypique

La nature dans ses racines

Édith est originaire de la région parisienne. Pourtant, elle a un attachement très fort pour la nature. Quand elle était petite, elle passait toutes ses vacances chez ses grands-parents en Corrèze, à courir la campagne, à se baigner dans les rivières en culotte, à rouler jusqu’en bas des collines en saluant les vaches en passant.

Édith en 1983 fait sa cueillette quelque-part dans le Massif des Monédières en Corrèze.

Avec son grand-père, à Noël, elle allait couper le sapin : “On faisait attention à en choisir un qui était en doublon et suffisamment grand pour laisser les plus jeunes pousser”.
Édith ramassait toutes sortes de végétaux rigolos, doux ou simplement jolis pour en faire des petites compositions, des sortes de maquettes de jardins miniatures avec des boites à godasses. “C’était la liberté absolue en plus de correspondre à mes premières émotions de nature !”.
Les bonnes choses ont une fin comme dit l’adage ! Il fallait toujours rentrer à la maison pour l’école…

Une vie entre Paris et l’Occitanie

Édith pense d’abord s’orienter vers le métier d’urbaniste. À la fac, elle choisit Sciences Éco avec une spécialité Développement Durable, puis finalement prend le virage de l’enseignement en poursuivant son cursus universitaire par une licence de Science de l’Éducation. Elle rentre à l’IUFM. Une fois le concours d’instit’ en poche, elle choisit de quitter Paris. Pour son premier poste, elle demande Montpellier, Grenoble et Nîmes : les trois villes présentent des avantages certains, montagne, mer, campagne à proximité, c’est pas mal ! Et puis Édith a vraiment envie de quitter Paris, parce qu’avec un salaire de prof, c’est pas simple et qu’en plus, les grandes étendues de verdure lui manquent vraiment.

Finalement, elle est nommée à Nîmes : “Au début, j’étais un peu déçue. J’ai même eu un peu de mal à m’y faire : les paysages changent peu au fil des saisons.” Elle y reste quand même 15 ans, elle y pratique son métier d’enseignante avec passion. Parallèlement, elle travaille les techniques plastiques à l’atelier de peinture de Pascal Thouvenin pendant 7 ans et ressent un besoin grandissant de créer, de laisser une trace.
En 2010, elle rencontre Pascal (il vit en Bretagne !), elle quitte tout : le boulot, les amis, l’Occitanie. C’est le grand virage !

L’arrivée en Bretagne : une nouvelle orientation professionnelle

Édith prend une année de disponibilité qu’elle consacre à la réflexion. Elle fait le point sur ses aptitudes, sur son besoin d’apprendre de nouvelles choses, sur le panel de formations qui s’offre à elle : “Je m’intéressais beaucoup à l’architecture, l’urbanisme, ça m’attirait beaucoup, mais j’avais fait des études universitaires, il me manquait le côté manuel”.
Édith choisit finalement les espaces verts et s’oriente vers un Bac pro Aménagement paysager, une formation qu’elle suit à la Maison Familiale Rurale de Plabennec. Son Bac pro en poche, elle est embauchée dans l’une des trois entreprises qui l’avaient accueillie pour ses stages d’étude : “Là, j’ai appris à faire une terrasse, à construire un mur, à manier les matériaux. Mais la dimension paysagère et créative était quasi absente. J’ai fait six mois et j’ai décidé de ne pas continuer”.

Le jardin de poche d’Édith Vigné est beau en toutes saisons.

“Si je dois créer quelque chose, c’est maintenant !”

L’aventure Eden Paysage

Fin 2015, sa décision est prise. Son absence de références lui semble être problématique. Elle projette de partir faire un tour de France des copains, en leur proposant la création de leurs jardins pour constituer son book. Finalement, elle n’a même pas l’occasion d’entreprendre ce voyage ; les commandes sont immédiates : “Ça été très vite : j’ai fait les démarches de création d’Eden Paysage et j’ai eu une première cliente, quasiment tout de suite ! Et puis le bouche à oreille a fait le reste.”.
Les professionnels de l’entretien paysager de Carantec jouent le jeu et lui envoient des clients pour des demandes de conception et création paysagère. Elle présente les projets “à l’ancienne” qu’elle dessine au crayon de papier et colore à l’aquarelle. C’est authentique, naturel et cette approche – aux antipodes de la 3D assez froide – plaît aux nombreux passionnés de Carantec.

Un positionnement responsable

Est-ce son positionnement responsable qui la mène à la réussite ? Ce qui est certain, c’est que son approche écologique et humaine est à l’origine de son succès. Édith se fournit chez des pépinières locales : Vert’Tige pour les plantes d’ombre (Louargat), Le Jardin de Gwen (Lanmeur) pour les vivaces, Les Pépinières Roué pour la terre de bruyère (Plouigneau), Rouxel et Lepage (Côtes d’Armor) pour les gros sujets et Kerisnel (Saint-Pol-de-Léon). Elle recommande volontiers les boutiques de design du coin, comme Arte Diem pour le mobilier d’extérieur (Lire l’article d’Édith sur le site d’Arte Diem), L’Île aux Dames ou La Passerelle (à Carantec) pour la décoration.
L’écologie est une évidence, elle travaille sans aucun produit chimique. Elle constate que ses clients sont réceptifs à ses méthodes : “Mes clients ont compris que le jardin n’a pas besoin d’être aussi rangé et propre que le salon !”.
Elle a adhéré au Syndicat Professionnel du Paysage et à La Société Française des Jardins Japonais, elle se rend sur des salons, se forme à la taille en transparence et constate que les choses sont en train de changer, que des solutions plus écologiques se mettent en place.
Cette année, Édith renforce les rangs : elle accueillera très bientôt un jeune stagiaire en alternance : il est tout aussi passionné qu’elle !

Édith utilise des paillages de cosses de sarrasin pour maintenir la fraîcheur et l’humidité du sol. Édith aime leur côté esthétique et leurs qualités végétales.


Dans la bibliothèque d’Édith

Les mains dans la terre – Camille Muller. Ed. Ulmer
Relire Hopper
Ed. Réunion des Musées Nationaux
Tout est jardin – Ossart + Maurières. Ed. Ulmer
Portrait d’un homme heureux. André le Nôtre 1613 – 1700
Ed. Poche Folio
Zao Wou-Ki, Carnets de voyages – 1948 – 1952.
Ed. Albin Michel
La jeune fille à la perle – Tracy Chevalier.
Ed. Poche Folio


La responsabilité sociétale d’une agence de communication

Avec le confinement, les manières de travailler se sont modifiées, au moins pour certains ; cette période a amené les entrepreneurs à porter une réflexion sur le sujet.
Aujourd’hui, être capable de travailler à la maison, c’est une performance.

Par ailleurs, vous l’avez sûrement remarqué, ces temps-ci, on entend pas mal parler de la RSE. Comprendre : la responsabilité sociétale des entreprises. C’est très en vogue, c’est devenu un argument commercial, à juste titre d’ailleurs, il n’y a pas de raison que les entreprises qui font des efforts n’en tirent pas des bénéfices.

Et si cette crise permettait aux entreprises de tout repenser ? D’avoir une approche plus responsable ? De faire valoir leurs capacités d’adaptation ?
Et si, pour une fois, on parlait des toutes petites entreprises ?

Toutes petites et par définition responsables

Vous le savez maintenant, j’ai débuté mon activité d’indépendante en novembre 2019. Comme pour tous les entrepreneurs, la question du statut s’est posée.
Et la décision de m’installer en auto-entrepreneur, c’est bien évidemment du bon sens, mais c’est aussi un choix responsable.


Travailler à la maison

Quand on est seul à “la boutique”, pourquoi prendre le risque de louer des locaux ? C’est double de charges : deux connexions internet et lignes téléphoniques, deux loyers, deux abonnements d’électricité, d’eau… Et c’est forcément plus polluant !

Oh, mais je vous entends déjà me donner toutes sortes d’arguments :

“Oui, mais bon, quand même, pour recevoir des clients, c’est moyen”
Et bien non ! Je revendique, dans ma manière de travailler, le bon sens, la simplicité des mots, l’authenticité des rapports humains. En ouvrant ma maison à mes clients, je suis en plein accord avec mes principes !
Peut-être d’ailleurs que mes clients me choisissent aussi pour ça ?
Dans ma vie privée, j’aime recevoir, dans ma vie professionnelle, ce sens de l’accueil est tout aussi présent. N’est-il pas au cœur des métiers de la communication ?

Tout sur place, c’est aussi un gain de temps et d’organisation, en plus de correspondre à une pratique écolo !

“Oui, mais c’est important de séparer la vie privée de la vie professionnelle”
Là, j’ai envie de vous dire : rien ne l’empêche ! Certes, ça nécessite d’être efficace dans le travail et d’avoir des aptitudes en organisation : en somme, il faut être drôlement équilibré et rigoureux pour travailler à la maison !

“S’installer en auto-entrepreneur et travailler à la maison, ça fait pas agence de communication”
Ah bon ? Cela signifierait-il que la qualité du travail accompli repose sur la nécessité d’avoir un local commercial ? À dire vrai, je ne crois pas. Bon et puis en plus, je ne suis pas une agence de communication et j’ai l’honnêteté de le dire (et je crois bien que j’en suis fière même !). Une agence, une vraie, c’est une équipe composée de profils très variées et en interne.

Voir ma page “Qu’est-ce qu’une agence de communication ?”

“C’est pas beaucoup plus polluant d’aller travailler à 10 kilomètres de chez toi”
Et si ! Prendre la voiture tous les jours, pour parcourir 20 kilomètres quotidiens, bien sûr, ça semble peu. Imaginez-vous sur le périphérique à Paris, où des milliers de gens prennent leur voiture pour aller travailler à une distance équivalente… là tout de suite, c’est plus impressionnant, non ? Sans compter que vous êtes probablement tout seul dans votre véhicule.

“C’est pas sécurisant pour le client de savoir que tu travailles à la maison”
Faux ! La technologie d’aujourd’hui permet d’avoir chez soi ou à distance tous les moyens de sauvegarde et les services de maintenance que nécessite cette profession.


Travailler avec des prestataires locaux

“C’est plus cher de faire imprimer en local que sur internet”
Peut-être… Mais c’est tellement mieux fait ! Et puis quand il y a un souci, on a quelqu’un au bout du fil qui vous prévient avec bienveillance, vous avez une vraie relation humaine avec des professionnels, nécessaire au bon fonctionnement de votre activité.
Je travaille depuis 15 ans avec l’Imprimerie de Bretagne et j’en suis fière ; c’est une entreprise qui m’a appris les bases de l’impression à mes débuts, avec beaucoup de respect et d’humanité, et j’ai toujours été très satisfaite de la qualité du travail accompli. Mes clients aussi.
Travailler avec des fournisseurs locaux, c’est définitivement responsable !


Ne pas marger sur les travaux d’impressions

“C’est pas une vraie cheffe d’entreprise, celle-là, elle sait pas faire du business”
Il y a une raison à cela. D’habitude, une agence propose à son client un devis tout compris : créa et impressions. Je préfère choisir la voie de la prudence : séparer les deux. Mon client me règlera pour le travail que je vais réaliser, il règlera séparément le fournisseur. Ainsi, si mon entreprise connaît des difficultés, je ne mets pas en danger les autres.


Alors, convaincus ?
Appelez-moi si vous partagez avec moi ces valeurs : 06 62 20 69 41


Petit manuel Facebook à l’usage des entreprises : la visibilité

La reprise, c’est pour bientôt ! C’est le moment de bien soigner votre communication ou de vous y mettre si vous étiez jusque-là réfractaire.

J’ai à mon actif la gestion de plus de quinze pages Facebook. J’utilise cet outil tous les jours, je le connais bien. En ces temps si particuliers, j’ai eu envie d’apporter ma contribution et mon soutien sous forme de conseils.

La semaine dernière, je vous ai donné quelques clés pour bien organiser vos contenus sur Facebook, pour leur donner du sens. Pour la majorité d’entre vous, vous avez bien saisi le fonctionnement global de Facebook. Je vous apporte aujourd’hui un peu de lumière quant à ses subtilités ; elles donneront à votre page une dimension plus professionnelle. Et en ce moment, être professionnel, c’est vraiment vital !

Soigner votre image, être visible

Choisir votre photo de profil

. Privilégiez votre logo pour la photo de profil de votre page. Vous allez peut-être constater que votre logo ressort mal dans un cercle, qu’une partie est coupée ; c’est tout l’intérêt d’ailleurs de faire appel à un professionnel pour la création de votre logo ; il veillera à ce qu’il soit compatible pour tous les supports, ou vous livrera différentes versions pour chacun d’eux.
En exemple ici à gauche, le logo de La Maison à Saint-Pol-de-Léon que j’ai dessiné. Remarquez que le logo sur fond coloré sort bien mieux qu’un logo sur fond blanc ; il attire l’œil et donc potentiellement le clic. N’hésitez pas à demander à votre agence deux versions de votre logo : une sur fond blanc, une autre sur fond coloré.


. Évitez de mettre une photo de votre boutique ou de vos produits , la taille prévue par Facebook à cet emplacement dévalorisera votre espace et aura tendance à créer le doute. Par exemple, si vous vendez des lunettes, évitez de mettre une photo de modèles. Ça ne pose en rien vos spécificités, ni votre identité (des lunettes, on en vend chez tous les opticiens, même si les modèles que vous proposez sont différents, la photo est bien trop petite pour que les internautes s’en rendent compte !).

. Si vous vous travaillez seul, vous pouvez choisir l’option du portrait. Après tout, votre entreprise, c’est vous. Veillez à choisir une photo plutôt sympa qui mette en valeur vos qualités (en bref, évitez les photos de lendemain de fête ou d’après épisode gastro).
Si vous êtes plus d’un dans l’entreprise, le mieux est d’utiliser votre logo.


Choisir une photo de couverture

. Là, en revanche, on a une taille intéressante d’image ; vous pouvez y mettre la photo d’un produit ou de votre boutique. Mon conseil, changez-la régulièrement, ça se remarque, ça crée du buzz, ça peut être l’occasion de parler d’un nouveau produit.

Un exemple des bonnes pratiques : le logo en photo de profil, une photo plus globale en couverture. Elle donne le ton, l’ambiance, vise à mettre le ou les produits en avant. Ne vous dévalorisez pas si vos photos n’égalent pas celles d’une grande marque… ce qui compte, c’est de respecter les bonnes pratiques et de limiter la casse en matière de choix de photo. Appelez-moi si vous avez besoin d’un conseil !

. Vous pouvez également faire passer un message et composer une photo avec du texte. Mais attention, ça doit rester une accroche, je vous déconseille d’en écrire des tartines, personne ne lira parce que ce sera too much et trop petit ! Un bon exemple : “-30% sur Mellow Yellow jusqu’au 5 juin”. Utilisez les petits outils de modification d’image de votre smartphone, ça peut suffire si vous veillez à écrire gros et que vous choisissez une typo bien lisible !

Un exemple avec la boutique de prêt à porter morlaisienne ATTITUDE qui profite de ce grand espace de couverture pour proposer une offre commerciale.

Gagner en audience

Créer votre nom d’utilisateur

. Ce nom va servir aux autres utilisateurs de Facebook pour vous citer dans leurs publications et créer un lien vers votre page. Une fois publié, votre texte courant apparaît en noir, les liens vers d’autres pages en bleu. Cette différenciation de couleurs permet aux lecteurs de repérer immédiatement les liens, et par conséquent de les amener à cliquer dessus. Si vous n’avez pas le “nom d’utilisateur”, le lien ne peut pas se faire.

. Il se trouve juste en dessous de votre nom de page, en haut à gauche. Cliquez sur “créer un nom d’utilisateur de Page @”. Attention au nom choisi pour votre page ! “Je suis allée déjeuner au Tempo, le burger était fabuleux !” Si votre nom de page est Le Tempo, vous allez vous retrouver avec des phrases vraiment pas terribles du type : “Je suis allée à Le Tempo, le burger était fabuleux !”.

. Pas d’espaces dans votre nom d’utilisateur. Par exemple : MementoAssurances. Vous pouvez utiliser des majuscules, pour une lecture plus facile, mais ce n’est vraiment pas obligatoire.


Citer les pages de vos amis en utilisant le nom d’utilisateur

. Vous souhaitez citer une entreprise partenaire ; c’est mieux si elle a son nom d’utilisateur.
. Commencez à rédiger votre texte, puis indiquez à Facebook que vous allez citer une autre page en appuyant sur la touche @ de votre clavier, puis en indiquant le début du nom d’utilisateur de la page que vous souhaitez citer. Ici, j’ai commencé un post avec la ferme intention de citer le magasin Maison, j’ai juste tapé les première lettres, un menu se déroule avec plusieurs propositions détectées. Je repère la page (le logo noir, vous vous souvenez ? Il est bien visible aussi dans cette liste, facile à repérer !), je clique dessus et le tour est joué : je continue de rédiger le texte de ma publication, je publie.


Utilisez le #

Vous avez surement déjà repéré une liste de mots (souvent indiqués en fin de post). Ils correspondent à des thématiques, des catégories. A quoi ça sert ?
D’abord ça peut permettre d’ajouter de la clarté au message. Par exemple dans le post suivant, j’ai indiqué #plougasnou #patrimoine #explorateur. Le premier # indique à mon lecteur que le travail évoqué dans mon texte concerne la commune de Plougasnou, le second donne une information sur le thème, le dernier sur la cible.

Ensuite, le # est un lien ; concrètement, ça veut dire que c’est cliquable. Si vous cliquez sur le #plougasnou, Facebook va vous proposer toutes les pages qui parlent de Plougasnou :

C’est de la visibilité en plus, donc !

Vous avez surement repéré des pages où il y a beaucoup de #. Je vous le déconseille. Les # à outrance vont attirer de nouveaux likes, mais qui ne seront pas très intéressants pour vous. Si vous voulez développer une clientèle “qualifiée” (C’est à dire, une clientèle potentiellement susceptible de venir consommer chez vous), choisissez plutôt quelques mots pertinents qui permettront à votre lecteur de vous situer. Vous vous souvenez des rédactions quand vous étiez à l’école ? On vous a sans doute appris comme à moi à situer le contexte dans vos introductions en répondant aux questions QUI ? QUOI ? OÙ ? Et bien sur Facebook, c’est pareil ! Les # peuvent vous permettre de définir en un coup d’œil ce contexte.

#Burger #Morlaix #RecetteFromage
Ces # apportent un complément d’information à votre publication et disent que votre restaurant propose aujourd’hui des burgers, que c’est à Morlaix et qu’aujourd’hui, la recette s’adresse plutôt aux amoureux du fromage.


Invitez vos amis à liker votre page

. Rendez-vous dans la colonne de droite, jusqu’à ce que vous tombiez sur l’encart ” Communauté”. Ça ressemble à ça :

Cliquez sur “invitez des amis”, puis déroulez le menu, cliquez sur “tous mes amis” puis cochez à droite “Tout sélectionner”. Enfin, validez votre demande en cliquant sur “Envoyer des invitations”.

Tous vos amis sont cochés à droite. Vous avez également la possibilité de trier en sélectionnant ceux que vous souhaitez inviter. C’est plus long et un peu rébarbatif, mais parfois préférable.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! C’est déjà assez dense !

Une question, un conseil ? Appelez-moi, ou envoyez-moi un petit mail.
Je prendrai le temps d’une réponse personnalisée.

Le chantier naval Jézéquel Entreprise du patrimoine vivant

Le Kein Vor II, le J25 du “Marquis”, construit au Chantier ©Violaine Pierret – Carantec – 2017


Les entreprises, leur histoire, leurs acteurs participent à l’attractivité du territoire au même titre que le tourisme, la qualité de vie, le tissu associatif, le patrimoine…
J’ai souvent évoqué, dans mes articles et dans la présentation de ce site, la nécessité d’aborder le territoire sous l’angle de la globalité.
Au Chantier Naval Jézéquel, la connexion entre économie et patrimoine est évidente.


J’ai une affection particulière pour la famille Jézéquel qui m’a confié à plusieurs reprises le travail de communication de cette entreprise familiale de renom. Le chantier naval Jézéquel a bâti sa réputation sur un savoir-faire transmis de père en fils depuis quatre générations. Il est aujourd’hui situé en bordure de rivière à Saint-François (Saint-Martin-des-Champs, près de Morlaix), mais il est reconnu comme un chantier carantécois, car c’est dans ce petit port du Nord Finistère que l’essentiel de son histoire s’est jouée.
Lorsque j’ai travaillé sur la réalisation du site web du chantier, j’ai épluché avec Françoise Jézéquel un carton rempli de trésors correspondant à un siècle d’histoire, une ancienneté qui a valut au chantier d’obtenir en 2017 le Label Entreprises du Patrimoine Vivant.

Qu’est-ce que l’EPV ?

Le label d’État Entreprise du Patrimoine Vivant est la seule distinction qui vient récompenser et encourager l’excellence française, reposant sur la maîtrise avancée de savoir-faire rares, renommés ou ancestraux.
Le label est né en 2005, les premières labellisations ont été attribuées en 2006. En France, 1 400 entreprises portent les couleurs de ce label.*

*à découvrir bientôt sur le blog, mon reportage sur la maison Chancerelle, sardinerie de Douarnenez, qui a obtenu le label EPV en juillet 2019

Un siècle de savoir-faire au Chantier Jézéquel

L’histoire de ce chantier commence pendant la guerre de 14-18, très loin des côtes finistériennes, au milieu de la mer Égée, sur l’île de Corfou (en Grèce). Alain Jézéquel s’est engagé dans l’armée, il est charpentier ; on l’affecte à la réparation des bateaux. Il y rencontre Eugène Moguérou, un Carantécois. A la fin de la guerre, ils sont amis, ils partagent la même passion de la mer et des bateaux, il décident de s’associer.

Du bateau à usage professionnel au bateau de loisir

La pêche et le transport légumier sont des préoccupations vitales en ce premier tiers du XXe siècle. Le savoir-faire du chantier s’oriente essentiellement vers la construction à usage professionnel. La voile de plaisance se développe en baie de Morlaix ; Eugène Moguérou décide d’orienter son chantier vers la construction de voiliers, un choix qui sera superbement développé par la famille Jézéquel.

Carantec – Le Port 1927 – Le hangar qui fait partie aujoud’hui du paysage n’existe pas encore mais on devine la silhouette d’une coque en construction.

D’Alain à Jean-Marie, quatre générations de constructeurs

Au chantier débute une ère de construction navale de loisirs. Brix, Dervin, Sergent, Cornu, ces architectes navals de renom verront leurs plans se concrétiser dans ce petit chantier carantécois. Alain (première génération) a depuis déjà longtemps transmis la fièvre à son fils Georges. En 1937, Georges (seconde génération) commence son apprentissage ; il reprend les rênes du chantier en 1952. Lui aussi transmet à son fils Alain (troisième génération) la passion de la construction navale. Après l’école, Alain s’initie – sous l’œil attentif de son père – à ses premiers apprentissages : calfatage sur des caisses de bois, pose des rondelles sur les pointes de rivets, puis participe de plus en plus activement aux chantiers. Il construit avec son père le cotre Bonne Espérance, dessiné par son frère Olivier, puis des unités de la série Prima, des Dauphin.
En 1985, il reprend le chantier et construit des canots de 4,10 m, des Cat Boat, des Cormoran, des Bernache etc

La famille Jézéquel est une famille de marins, une tribu de passionnés. Jean-Marie (quatrième génération), né en 1986, navigue très jeune avec son grand-père et son père. Naturellement, il s’oriente vers le métier, en passant d’abord un CAP filière bois et matériaux associés, et en faisant parallèlement son apprentissage au chantier familial.

2017 : le chantier obtient le label Entreprise du Patrimoine Vivant

Jean-Marie reprend l’entreprise en 2016 et monte un dossier de demande de labellisation EPV. Un an plus tard, l’exception du savoir-faire du chantier est reconnue.

C’est une vraie reconnaissance, une marque de qualité et un gage de pérennité dans ce métier qui devient rare. J’en suis très heureux, c’est une grande satisfaction sur un plan professionnel bien sûr, mais aussi familial.”

Sans nul doute, le Chantier Jézéquel produit des unités d’exception. La qualité est restée la même, le métier a su rester authentique, la passion et le savoir-faire ont traversé les décennies, avec le même soin, la même excellence.
Le chantier fait d’ailleurs l’objet de nombreux articles dans la revue spécialisée dans le patrimoine maritime Le Chasse Marée.

A quoi sert cette labellisation ?

Faire partie des EPV, c’est aussi évidemment participer à la conservation du Patrimoine, voire des Monuments Historiques. Le Chantier Naval Jézéquel s’est vu confier à plusieurs reprises la restauration de navires classés. Histoire singulière, Phébus, construit en 1932 au chantier, y revient en 2005 dans un état dramatique :

« Restaurer un bateau classé Monuments Historiques nécessite un savoir-faire ancestral, et une connaissance infaillible de la construction navale traditionnelle. Quand on restaure un voilier classé, on a une grosse responsabilité ! Et c’est sans aucun doute cette passation de savoir-faire qui permet tout cela !.”

1932, Phébus, dessiné par l’architecte Victor Brix, sort du Chantier. © Archives familiales
Retour au Chantier en 2005 : trois ans de travail seront nécessaires à sa remise en état. © Archives familiales
2005, les dégâts sont considérables.
© Archives familiales
Trois ans et quelques milliers d’heures de travail plus tard, Phébus retrouve son élément. Il est remis à l’eau en 2008.
© Archives familiales

Vers la continuité

C’est aussi ce savoir-faire d’exception qui permet aujourd’hui la mise en chantier d’un nouveau Cormoran, dessiné par Olivier Jézéquel qui devrait pouvoir naviguer au printemps 2020.
Cette construction originale et néanmoins approuvée par la jauge a d’ailleurs fait l’objet d’un article dans la revue Chasse-Marée.

Rencontre avec une famille zéro déchet

Je me souviens, à mon arrivée en Bretagne, en 2004, c’était le début des sacs jaunes. Un monsieur était passé à la maison pour faire un peu de pédagogie et nous expliquer comment trier.
Aujourd’hui, le Finistère Nord est doté d’un centre de tri ultra moderne (Plouédern) qui a la capacité de traiter 30 000 tonnes de déchets par an. Cette quantité non négligeable (correspondant aux déchets de 500 000 habitants) devrait être amenée à baisser dans les années à venir ; la prise de conscience sur le devenir de la planète s’opère petit à petit, les pouvoirs publics communiquent de plus en plus sur les bonnes pratiques à adopter pour réduire son empreinte écologique.
Le zéro déchet en fait partie.

Je suis allée à la rencontre de Sabrina Toudic Foussard, adepte du zéro déchet à la cool. Elle a débuté le défi il y a un peu plus d’un an. Son crédo : inciter et encourager les familles désireuses de passer le cap, sans culpabilité, tout en douceur. Elle m’a reçue chez elle à Plouegat Moysan.

Sabrina Toudic Foussard dans la pièce maîtresse du Zéro Déchet : la cuisine.

Une prise de conscience, le déclencheur

À la naissance de son premier enfant Etann, Sabrina prend conscience de l’importance d’une nourriture saine et équilibrée. Elle se tourne vers les produits Bio, elle commence à préparer des petits pots maison avec des légumes frais. Du coup, elle et son compagnon se mettent eux aussi à manger mieux, entament une réflexion autour de l’agriculture bio, des produits de la filière vendus en grande surface, paradoxalement sur-emballés.
Par ailleurs, Sabrina aime bricoler, fabriquer par elle-même ; d’ailleurs, elle et Nicolas ont construit leur maison tout seuls, en deux ans. C’est dire !
Très active dans les associations locales, Sabrina confectionne des petites décos avec de la récup’ pour les marchés de Noël organisés par l’école.

Les débuts

Sa réflexion fait son chemin. Petit à petit, elle ponctue son quotidien de nouvelles pratiques. Au début, c’est encore un peu timide. Sabrina travaille dans une coopérative agricole, elle y est chargée de communication et très occupée. “J’étais à fond, j’avais besoin de prendre du temps pour moi, de passer à autre chose, de m’investir dans un domaine qui porte mes valeurs, alors j’ai quitté l’entreprise avec la ferme intention de me lancer dans le défi Familles Zéro Déchet”.
Quand Sabrina en parle à Nicolas, sa première réaction est plutôt réticente. Il craint le côté excessif “écolo dingo”.

Début 2019, la famille Toudic-Foussard est dans les starting-blocs : elle reçoit les conseils de Morlaix Communauté qui va l’accompagner pendant six mois. “Au début, on fait un bilan, un état des lieux avec nos habitudes ; nos déchets font l’objet d’une première pesée, par contenant : vert, jaune, noir. On nous donne des conseils”.
Pendant cette période, Sabrina s’inscrit aussi aux ateliers proposés par Morlaix Communauté : le goûter zéro déchet, la découverte des plantes, la fabrication des cosmétiques…

Six mois plus tard, le conseiller revient, pèse de nouveau les déchets. “Il y a un côté challenge, on s’est pris au jeu, en famille, et Nicolas qui était le plus réticent d’entre nous a complètement changé ses habitudes, sans s’en rendre compte.”

“Ce qu’on aimerait dire aux gens qui hésitent, c’est qu’il faut faire petit à petit, gentiment, avancer à son rythme en conservant ses libertés”

Une démarche globale

Changer sa manière de consommer

La famille Toudic entreprend de supprimer les emballages, et pour cela il faut consommer différemment : “On a commencé à acheter en vrac ; j’ai appris dans un atelier de Morlaix Co à fabriquer des sacs en toiles pour mettre mes achats de légumes et puis j’en ai acheté de plus petits, dans lesquels je mets des aliments secs comme la semoule, les lentilles.”

Un sac fabriqué par Sabrina lors d’un atelier aux Chiffonniers de la Joie.

A la maison, il suffit ensuite de verser les aliments dans un bocal. Le verre, c’est sain et durable, d’ailleurs chez Sabrina, il y en a un peu partout dans les placards.

“C’est une organisation différente, mais on s’y fait vraiment très vite !”

Quand Sabrina part faire ses courses, elle prend son cabas : il contient une bouteille en verre pour acheter du jus de pomme ou du vinaigre, des sacs en toile pour les légumes. Parfois, elle fait son propre jus de pomme.
Le lait, elle l’achète tous les samedis à la ferme, en pot de 5 litres. Elle privilégie toujours le commerce ultra local pour favoriser les circuits courts.
Et puis, il y a les animaux, quand on habite à la campagne ce serait dommage de s’en priver, et en plus, c’est drôlement efficace pour plein de choses : les poules mangent toutes les épluchures de légumes et donnent des œufs, avec lesquels on peut faire des gâteaux, des crêpes, des gaufres… terminé les biscuits emballés !
Les chèvres tondent la pelouse : plus de tondeuse, plus de déplacements aux lieux de collecte des déchets verts.

Je suis accueillie par trois chèvres et quelques poules rousses qui semblent s’entendre à merveille. Les poules ont coûté 2 € ; ce sont des poules de réforme. Au bout d’un an, les éleveurs s’en débarrassent, jugées trop vieilles ou moins productives. Si on leur donne du grain, elles continuent de pondre sans problème. Et quand elles pondront moins, elles seront toujours très friandes des épluchures.

Changer ses produits d’entretien et de cosmétique

Une maison saine, c’est aussi une maison qui se vide des innombrables flacons et autres contenants. L’entretien de la maison se fait avec un produit unique composé de vinaigre blanc et de quelques gouttes d’huile essentielle de lavande. Un flacon en spray à chaque étage et zou !

Pour la salle de bain, Sabrina a opté pour le shampoing sec et le savon traditionnel de Marseille : ça dure longtemps et il n’y a plus d’emballage.
Le dentifrice, c’est de l’huile de coco, hyper efficace.

“Paol, qui n’a que cinq ans, est toujours au dentifrice à la fraise acheté en grande surface, on avance à petit pas, sans se prendre trop la tête, sans culpabiliser. Quand il sera prêt, on aura franchi une petite étape supplémentaire. Je crois que c’est comme ça qu’il faut faire pour passer le cap en douceur !”

Sabrina est la seule femme de la maison ; pour ses protections menstruelles, elle a choisi la serviette en tissu.
“Ce n’était vraiment pas le cap le plus facile à passer mais j’en ai trois ; ce n’est pas suffisant, il faut que j’investisse dans deux voire trois de plus. Je les lave à la main pendant la période et en machine après. J’ai deux serviettes et une culotte Réjeanne que je trouve vraiment super bien”.

Nicolas fabrique son propre gel, avec de l’eau, de la gélatine alimentaire, un peu d’huile essentielle pour parfumer légèrement. Il a aussi instauré la lessive de cendre : “On récupère la cendre du poêle, on la met dans un récipient avec de l’eau, on laisse tomber la cendre, on filtre, on ajoute quelques gouttes d’huile essentielle de lavande et le tour est joué. Ça marche aussi bien qu’une lessive industrielle et c’est quasiment gratuit”.

Le zéro déchet, ça change quoi ?

Sabrina est très objective sur la question. Ce n’est pas toujours facile d’entamer cette démarche, de s’y tenir. Le jugement des autres est peut-être ce qu’il y a de plus difficile à gérer. “Au début, on m’appelait Madame Bio, c’était assez moqueur et en plus très réducteur, et puis les amis se sont habitués ; la plupart font aujourd’hui des gestes quotidiens pour diminuer leur impact sur l’environnement. On en a même qui viennent de commencer le défi !”.

Mais les bienfaits sont immédiatement palpables. Pour Sabrina, on se concentre sur l’essentiel, on se sent bien chez soi, on vit différemment avec un objectif : le bien-être. Et puis, on est heureux et fiers de soi.

“On se sent mieux, on a fait du vide dans la maison, ça fait un bien fou !”

Dans la bibliothèque de Sabrina

Famille Zéro Déchet, ZE Guide. Jérémie Pichon. C’est le livre de chevet de toute famille désireuse de débuter le défi ! Ça déculpabilise avec humour et donne des conseils vraiment judicieux !
Thierry Souccar Édition
Secrets et Vertus des Plantes Médicinales.
Le zéro déchet passe aussi selon Sabrina par la médication. Elle a appris à utiliser les plantes pour soigner les petits bobos. L’huile de Thym ou d’ail sont particulièrement efficaces pour soigner les petites infections virales.
France Loisirs
Des Légumes toute l’année.
Sabrina et Nicolas ont investi dans une serre où ils font pousser toutes sortes de légumes.
Rustica Édition

Quand l’art et l’urbanisme se croisent

Quand les Créatifs de la Baie ont ouvert les portes de leurs ateliers fin mai 2019, je suis allée voir le travail de Charles Vergnolle, allias “La Raviverie”, au numéro 34 de la rue Basse à Morlaix. Peut-être aviez-vous, comme moi, découvert son travail sur les réseaux sociaux ? J’ai eu envie d’en savoir plus sur sa démarche de plasticien et son évidente réflexion autour des questions d’urbanisme et d’attractivité de la ville.
Rencontre avec Charles Vergnolle.

Morlaix, un choix pour une nouvelle vie

Charles Vergnolle est un citadin. Quand il a décidé de quitter la région parisienne, il ne savait pas encore où ses pas le mèneraient, certainement dans une cité à taille humaine, nécessairement dans une ville d’architecture et de patrimoine médiéval, peut-être proche du littoral aussi, définitivement desservie par le TGV. Alors, en cherchant sur le net avec tous ces critères, il est tombé sur Morlaix, il est venu voir, il a eu un coup de cœur.

Charles Vergnolle y a posé ses valises il y a un peu moins de deux ans. Il s’est installé dans une petite maison rue Basse dans laquelle il consacre le rez-de-chaussée à son activité de plasticien, un atelier qu’on aime forcément découvrir, peut-être encore plus quand on a gardé son âme d’enfant.

Les arts plastiques comme témoin de l’histoire

Charles est un plasticien romancier si l’on peut dire : il peint des morceaux d’histoire, en s’inspirant de photos qu’il a prises, parfois d’autres documents. Je repère une drôle de toile accrochée dans un coin de son atelier, elle représente un billet de banque, elle raconte le soulèvement des esclaves noirs en Jamaïque, les pièges tendus aux soldats anglais : « Les Anglais sont les premiers à avoir abandonné la colonisation, parce qu’ils n’arrivaient pas à faire face à tous ces actes de rébellions ».

Sur cette autre toile, une scène de motards. Que font-ils, quelle est cette ambiance explosive que l’on ressent dans ce tableau ? « On est en Martinique en 2009, lors des grandes grèves, le peuple est dans la rue, il cherche à se faire remarquer des autorités dans le but de faire diversion, pendant que d’autres pillent les supermarchés, la vie était devenue tellement chère, les habitants ne pouvaient plus vivre décemment. »

Et puis aussi, dans cet atelier de la rue Basse, il y a Morlaix. On se sent à mi-chemin entre les arts plastiques et l’architecture.

La ville vue par Charles Vergnolle

Son travail reflète certainement son goût pour l’architecture et les maisons de ville à colombage. On y perçoit toujours cette lumière – jusque-là très présente dans ses peintures de la période martiniquaise – qui apporte une dimension presque exotique à ses séries. C’est Morlaix vu par un voyageur. 

Et puis aussi, il traite la ville en volume, avec des enchevêtrements de maisons, créés à partir du cadastre, de Google Earth, de photographies. Nulle prétention de perfection dans ce travail, Charles n’aime pas la perfection, elle l’ennuie. Il se souvient d’ailleurs avec précision de cette remarque d’un de ses professeurs des Beaux-Arts : « Votre plus vilain défaut, c’est la négligence ; mais c’est aussi votre plus grande qualité ». Depuis, il la cultive, cette négligence, il l’intègre dans son travail, parce que c’est sa façon d’être et qu’elle apporte une dimension artistique intéressante. Ses partis pris plastiques : une découpe du carton irrégulière, des morceaux d’adhésif non dissimulés, un support imparfait.

En cours de réalisation, une ville utopique, bâtie sur une base circulaire, faite de souterrains et de tunnels.
La Tour de Babel de Peter Bruegel est certainement bien plus qu’une simple tour ! J’y vois des similitudes avec le travail de Charles Vergnolle, et encore plus depuis que j’ai discuté avec lui.
Exposé à la Manu, le quartier Saint-Mathieu vu par Charles Vergnolle : “J’avais hérité d’un carton de vieux rails et de trains électriques que mes parents avaient gardés de mon enfance. J’ai eu envie de partager cet univers avec mon fils, on a alors construit notre maison en carton, puis je me suis pris au jeu, j’ai fabriqué la maison voisine, puis les maisons de ma rue, puis des rues d’à côté, et ainsi de suite…” En arrière plan, une toile du peintre morlaisien Hervé Chateau.

Morlaix, demain : une réflexion sur l’avenir 

Son intérêt pour Morlaix l’amène aussi à porter une réflexion sur le devenir de la ville. Selon lui, il faut faire revivre la ville avec des lieux de rencontre et de partage. Pourquoi ne pas transformer la place Allende en lieu de vie, avec des terrasses de cafés, des paniers de baskets, des aires de jeux, des gradins pour des spectateurs ? « J’ai entendu des gens me dire qu’il n’y avait pas assez de parkings à Morlaix, je pense pour ma part qu’il y en a trop ! A Bordeaux, bien que la dimension ne soit pas comparable, la problématique a longtemps été similaire : on avait trop de parking. Dans les années 90, la municipalité en a pris conscience, et les a supprimés en hyper centre pour faire des lieux piétons, pour redonner aux places leur esprit d’autrefois. Et ça a marché ! Aujourd’hui, Bordeaux a des rues piétonnes, des places pleines de monde ! ».

Il faudrait aussi – selon lui – mettre en avant cette extraordinaire émulsion artistique, voire “se positionner comme une ville d’artistes, d’artisans d’art, en jouer, se présenter comme une ville bretonne d’art, comme à Pont-Aven ! Ca pourrait passer par des aides ou des subventions pour que les artistes puissent s’installer en galerie-atelier dans le centre-ville, et la Manu pourrait servir de lieu d’exposition pour tous ces gens-là, comme ça a été admirablement commencé avec les Créatifs de la Baie en décembre dernier”

Pour Charles, la transition de la mobilité n’a pas été faite à Morlaix. Il y vit sans voiture et se déplace à pied ou à vélo. « Il faut réenvisager sa manière de se déplacer mais c’est vrai qu’à Morlaix, il manque des pistes cyclables ou des aménagements de déplacements doux. Je trouve hyper intéressant le travail réalisé par l’association « Ici » sur les aménagements des berges de la rivière, et je pense non seulement que c’est réalisable mais que c’est porteur ! »