La ferme de Lescinquit

Cet article a été réalisé pour le magazine de la ville de Plouigneau. J’ai eu le plaisir d’aller discuter un matin avec Emeline Declerck, un entretien passionnant d’une femme engagée.

Horticulture durable à Plouigneau

Il y a quelques années, Émeline Declerck découvre le Slow Flower, un mouvement d’origine américaine incitant à l’achat éthique de fleurs coupées cultivées localement, une sorte de révélation qui la poussera à choisir les terres ignaciennes comme point de chute.

Un parcours atypique

Est-ce sa formation universitaire en arts-plastiques qui la mène à l’art de cultiver la fleur ? Difficile à dire. Mais ce qui est certain, c’est qu’Émeline a l’œil, elle sait repérer ce qui est beau.

Après la fac à Rennes, c’est vers la vidéo qu’elle se tourne en suivant une formation de monteur-réalisateur documentaire. Elle s’imagine déjà, bourlinguant le monde, caméra au poing. 

Finalement, ses pas la mènent au Canada, et plutôt dans le montage vidéo pour la communication et la publicité. Ça nourrit sa curiosité pendant pas mal de temps, mais ça ne correspond pas exactement à ses rêves de gosse.

En 2014, elle découvre sur le net l’existence des fermes florales aux États-Unis et en particulier en culture bio et durable. Elle est déjà très sensibilisée à la consommation locale, aux cultures respectueuses de la terre, à la notion de cycle, de saison. Elle ressent le besoin de passer à autre chose. C’est le moment de rentrer en France…

Retour sur les bancs de l’école

Comme souvent dans la vie, on revient un peu en arrière, pour prendre un nouveau départ. Pas toujours simple, toujours courageux ! Ces choix-là sont mûrement réfléchis et souvent bénéfiques. Émeline retourne aux études, direction Angers à l’École Supérieure d’Agriculture, pour boucler un BTS horticulture en un an seulement. 

L’année suivante, elle travaille pour un maraîcher bio à Saint-Pol-de-Léon tout en cherchant activement une terre pour sa future activité. Elle a bien préparé son projet, elle sait ce qu’elle veut : cette terre, elle la veut proche de Morlaix et de la RN 12, avec une habitation entourée d’une seule parcelle, elle-même protégée par des haies. Et c’est à Plouigneau qu’elle fait son choix.

Installation en horticulture BIO à Plouigneau 

C’est dans un ancien corps de ferme (sur le lieu-dit de Lescinquit) complètement dans son jus, entouré d’une prairie, qu’elle jette son dévolu. Tous les critères sont réunis pour satisfaire ses exigences. “On a cassé la prairie, on a installé les premiers tunnels, tout fonctionnait comme prévu, j’allais pouvoir mettre en application mes apprentissages !”.


“Le bio, ce n’est même pas un argument de vente, c’est pour moi une évidence”

Emeline Declerck

Malgré les difficultés des débuts, Émeline tient le cap : “J’étais parfois incomprise, le bio dans l’esprit du public, c’était quand même très lié à la nourriture et à la santé, mais c’est d’abord une question d’éthique et de respect, à la fois de la terre et des gens : quand on achète une botte de 10 roses à 3 €, c’est obligé, il y a au moins une personne qui est exploitée quelque-part dans la chaîne de production.

Depuis deux ans, les choses ont déjà bien changé ; les fermes florales se développent, le “made in France” est mis en avant. 

Le succès de la Ferme de Lescinquit

Émeline cultive entre 60 et 70 variétés de fleurs sur une année, elle désherbe à la main, elle vend en hyper local, sur les marchés et dans quelques points de vente. Peu de transport, une approche respectueuse des saisons, l’objectif d’Émeline est de poursuivre le développement de son activité dans un périmètre géographique très proche de son exploitation : “Comme pour un fruit ou un légume, c’est essentiel de respecter ce que les saisons régissent depuis la nuit des temps, il faut que les gens réapprennent à consommer des produits qui respectent la nature et qui sont produits juste à côté de chez eux”.

Cette prise de conscience du consommateur fait aussi le succès de la ferme ; il devient sensible à son environnement, à un retour aux sources qui lui permet de renouer avec une fleur non modifiée, naturellement belle : “Cultiver en local permet de proposer des fleurs qui ne sont pas vendues chez les fleuristes, parce qu’elles supportent mal le transport. C’est sur ça aussi que je peux me distinguer. ”


80%

c’est la quantité de fleurs aujourd’hui importées de l’étranger

63

C’est le nombre d’horticulteurs du Collectif de la Fleur française auquel La ferme de Lescinquit a adhéré.

60 à 70

C’est le nombre de variétés de fleurs cultivées à la ferme de Lescinquit.

1 hectare

C’est la surface de culture exploitée par Émeline Declerck.


Breizh Pastaaaaa !

Il y a dix jours, je suis allée à la rencontre de Clémentine Pelletier à Plouvorn où elle a choisi d’implanter son entreprise, un vrai moment de partage comme je les aime. Elle est de ces personnes qui font bouger les choses, qui entreprennent de manière intelligente et durable.
La nourriture a toujours été d’un grand intérêt pour Clémentine. Quand elle en parle, elle a les yeux qui pétillent. Avec Clémentine, on s’est trouvé des points communs.

Je demande souvent à ceux dont je dresse le portrait de me choisir une photo d’eux enfant. C’est une manière de se dévoiler (un peu)…

Après un début de carrière dans la Marine, elle a eu envie d’autre chose, plus orienté vers les produits alimentaires, elle a aussi eu envie de travailler pour des causes qui lui ressemblent.

Café et cacao

Après une formation spécialisée dans les achats internationaux, Clémentine est recrutée, en 2015, par La Torréfaction de la Baie. Ce nom vous dit quelque chose ? Aujourd’hui, l’entreprise s’appelle Grain de Sail et là, tout de suite, ça vous parle davantage, surtout si vous êtes morlaisien.
Grain de Sail s’appuie sur un modèle économique durable et respectueux de l’environnement, tout en garantissant la fabrication de produits de qualité (cafés et chocolats). Très prochainement, Grain de Sail devrait transporter sa matière première par voilier cargo. L’objectif est écologique, ambitieux, un peu fou, mais bien réel et vraiment novateur.

Clémentine y occupe plusieurs postes, participe au business plan, cherche des investisseurs pour la construction du premier bateau… Une expérience très enrichissante qui la mène vers l’indépendance.

Une âme de créatrice

Petit à petit, Clémentine réfléchit à créer sa propre entreprise. En 2019, elle quitte Grain de Sail avec une solide expérience. Pas vraiment par hasard : son projet est déjà mûr depuis une bonne année. Début 2020, elle crée Sympatic, une fabrique de pâtes bio en local, avec son associé Jérôme Courcoux.
Mais au juste, pourquoi des pâtes ?
“Les pâtes font vraiment partie de notre quotidien. Et puis, j’avais envie de prouver qu’on est capable aujourd’hui de créer une petite industrie en local et vendre un produit bio, bon et pas trop cher.”

Le concept de Sympatic

Le nom qu’elle choisit est porteur de ses valeurs : des pâtes sympas et éthiques. Tout est dit ! Son modèle économique s’appuie sur une production et une distribution locales pour éviter les excès de transport. Seul le blé dur vient d’Italie, parce qu’il est bon et qu’en Bretagne, on n’en produit pas.
“Notre objectif, ça va être de passer à de la semoule de blé dur française, à condition de ne pas altérer les qualités gustatives de nos pâtes”.
Comme pour Grain de Sail, l’engagement durable de Sympatic passe aussi par l’emploi d’une main d’œuvre issue d’un des établissements des Genêts d’Or (ESAT) de la région. Trois personnes et un encadrant viennent de compléter l’équipe.

Le packaging se veut moderne et clair à la fois et 100% recyclable, c’est une une question de bon sens !


“Je vois cette intégration comme un engagement solidaire, l’idée c’est de permettre à des personnes qui présentent un handicap de pouvoir accéder à un apprentissage professionnel. On travaille très bien avec l’ESAT de Landivisiau, Yann Moyou, le directeur, a accueilli l’idée avec enthousiasme et nous accompagne vraiment dans notre démarche.

Ça m’agace quand j’entends des gens me dire que j’emploie des personnes handicapées pour faire plus de profit, franchement, si ça avait été le cas, j’aurais tout automatisé”.

Les produits

La production n’a débuté qu’en août (Covid oblige !) ce qui n’a pas empêché la marque de décoller très rapidement : elle est déjà bien implantée dans le Finistère Nord. Elle propose sept produits différents. Pour le moment, la cible, c’est la grande distribution en hyper local mais Clémentine vise aussi les Biocoop et les magasins spécialisés, avec de la vente en vrac.
L’objectif, c’est de pouvoir proposer un paquet de pâtes à moins de 2,00 €. Le paquet de coquillettes Sympatic est à 1,75 € (Le Barilla en produit conventionnel est à 1,40 €), et pour du bio fabriqué en local, c’est vraiment pas mal. Et en plus, elle sont vraiment bonnes !

Les projets à venir

Bon, vous l’avez compris, Clémentine est une fonceuse. Elle envisage de se lancer dans la fabrication de toute une gamme de sauces réalisées avec des légumes d’ici et de saison. “C’est un vrai challenge ! Pour parvenir à avoir toujours en rayon six recettes, il va nous falloir en créer une bonne quinzaine”.


Dans la bibliothèque de Clémentine

Le terrifiant Shining de Stephen King, porté à l’écran par Kubrik, un classique néanmoins incontournable !

La série des aventures de Benjamin Malaussène par Daniel Pennac : une bible que je partage avec Clémentine. En plus, les couvertures dessinées par Jacques Tardi sont somptueuses !

David Vann, une série de romans noirs dont les récits s’articulent autour des rapports “père-fils”, “mère-fille”…

La responsabilité sociétale d’une agence de communication

Avec le confinement, les manières de travailler se sont modifiées, au moins pour certains ; cette période a amené les entrepreneurs à porter une réflexion sur le sujet.
Aujourd’hui, être capable de travailler à la maison, c’est une performance.

Par ailleurs, vous l’avez sûrement remarqué, ces temps-ci, on entend pas mal parler de la RSE. Comprendre : la responsabilité sociétale des entreprises. C’est très en vogue, c’est devenu un argument commercial, à juste titre d’ailleurs, il n’y a pas de raison que les entreprises qui font des efforts n’en tirent pas des bénéfices.

Et si cette crise permettait aux entreprises de tout repenser ? D’avoir une approche plus responsable ? De faire valoir leurs capacités d’adaptation ?
Et si, pour une fois, on parlait des toutes petites entreprises ?

Toutes petites et par définition responsables

Vous le savez maintenant, j’ai débuté mon activité d’indépendante en novembre 2019. Comme pour tous les entrepreneurs, la question du statut s’est posée.
Et la décision de m’installer en auto-entrepreneur, c’est bien évidemment du bon sens, mais c’est aussi un choix responsable.


Travailler à la maison

Quand on est seul à “la boutique”, pourquoi prendre le risque de louer des locaux ? C’est double de charges : deux connexions internet et lignes téléphoniques, deux loyers, deux abonnements d’électricité, d’eau… Et c’est forcément plus polluant !

Oh, mais je vous entends déjà me donner toutes sortes d’arguments :

“Oui, mais bon, quand même, pour recevoir des clients, c’est moyen”
Et bien non ! Je revendique, dans ma manière de travailler, le bon sens, la simplicité des mots, l’authenticité des rapports humains. En ouvrant ma maison à mes clients, je suis en plein accord avec mes principes !
Peut-être d’ailleurs que mes clients me choisissent aussi pour ça ?
Dans ma vie privée, j’aime recevoir, dans ma vie professionnelle, ce sens de l’accueil est tout aussi présent. N’est-il pas au cœur des métiers de la communication ?

Tout sur place, c’est aussi un gain de temps et d’organisation, en plus de correspondre à une pratique écolo !

“Oui, mais c’est important de séparer la vie privée de la vie professionnelle”
Là, j’ai envie de vous dire : rien ne l’empêche ! Certes, ça nécessite d’être efficace dans le travail et d’avoir des aptitudes en organisation : en somme, il faut être drôlement équilibré et rigoureux pour travailler à la maison !

“S’installer en auto-entrepreneur et travailler à la maison, ça fait pas agence de communication”
Ah bon ? Cela signifierait-il que la qualité du travail accompli repose sur la nécessité d’avoir un local commercial ? À dire vrai, je ne crois pas. Bon et puis en plus, je ne suis pas une agence de communication et j’ai l’honnêteté de le dire (et je crois bien que j’en suis fière même !). Une agence, une vraie, c’est une équipe composée de profils très variées et en interne.

Voir ma page “Qu’est-ce qu’une agence de communication ?”

“C’est pas beaucoup plus polluant d’aller travailler à 10 kilomètres de chez toi”
Et si ! Prendre la voiture tous les jours, pour parcourir 20 kilomètres quotidiens, bien sûr, ça semble peu. Imaginez-vous sur le périphérique à Paris, où des milliers de gens prennent leur voiture pour aller travailler à une distance équivalente… là tout de suite, c’est plus impressionnant, non ? Sans compter que vous êtes probablement tout seul dans votre véhicule.

“C’est pas sécurisant pour le client de savoir que tu travailles à la maison”
Faux ! La technologie d’aujourd’hui permet d’avoir chez soi ou à distance tous les moyens de sauvegarde et les services de maintenance que nécessite cette profession.


Travailler avec des prestataires locaux

“C’est plus cher de faire imprimer en local que sur internet”
Peut-être… Mais c’est tellement mieux fait ! Et puis quand il y a un souci, on a quelqu’un au bout du fil qui vous prévient avec bienveillance, vous avez une vraie relation humaine avec des professionnels, nécessaire au bon fonctionnement de votre activité.
Je travaille depuis 15 ans avec l’Imprimerie de Bretagne et j’en suis fière ; c’est une entreprise qui m’a appris les bases de l’impression à mes débuts, avec beaucoup de respect et d’humanité, et j’ai toujours été très satisfaite de la qualité du travail accompli. Mes clients aussi.
Travailler avec des fournisseurs locaux, c’est définitivement responsable !


Ne pas marger sur les travaux d’impressions

“C’est pas une vraie cheffe d’entreprise, celle-là, elle sait pas faire du business”
Il y a une raison à cela. D’habitude, une agence propose à son client un devis tout compris : créa et impressions. Je préfère choisir la voie de la prudence : séparer les deux. Mon client me règlera pour le travail que je vais réaliser, il règlera séparément le fournisseur. Ainsi, si mon entreprise connaît des difficultés, je ne mets pas en danger les autres.


Alors, convaincus ?
Appelez-moi si vous partagez avec moi ces valeurs : 06 62 20 69 41


Rencontre avec une famille zéro déchet

Je me souviens, à mon arrivée en Bretagne, en 2004, c’était le début des sacs jaunes. Un monsieur était passé à la maison pour faire un peu de pédagogie et nous expliquer comment trier.
Aujourd’hui, le Finistère Nord est doté d’un centre de tri ultra moderne (Plouédern) qui a la capacité de traiter 30 000 tonnes de déchets par an. Cette quantité non négligeable (correspondant aux déchets de 500 000 habitants) devrait être amenée à baisser dans les années à venir ; la prise de conscience sur le devenir de la planète s’opère petit à petit, les pouvoirs publics communiquent de plus en plus sur les bonnes pratiques à adopter pour réduire son empreinte écologique.
Le zéro déchet en fait partie.

Je suis allée à la rencontre de Sabrina Toudic Foussard, adepte du zéro déchet à la cool. Elle a débuté le défi il y a un peu plus d’un an. Son crédo : inciter et encourager les familles désireuses de passer le cap, sans culpabilité, tout en douceur. Elle m’a reçue chez elle à Plouegat Moysan.

Sabrina Toudic Foussard dans la pièce maîtresse du Zéro Déchet : la cuisine.

Une prise de conscience, le déclencheur

À la naissance de son premier enfant Etann, Sabrina prend conscience de l’importance d’une nourriture saine et équilibrée. Elle se tourne vers les produits Bio, elle commence à préparer des petits pots maison avec des légumes frais. Du coup, elle et son compagnon se mettent eux aussi à manger mieux, entament une réflexion autour de l’agriculture bio, des produits de la filière vendus en grande surface, paradoxalement sur-emballés.
Par ailleurs, Sabrina aime bricoler, fabriquer par elle-même ; d’ailleurs, elle et Nicolas ont construit leur maison tout seuls, en deux ans. C’est dire !
Très active dans les associations locales, Sabrina confectionne des petites décos avec de la récup’ pour les marchés de Noël organisés par l’école.

Les débuts

Sa réflexion fait son chemin. Petit à petit, elle ponctue son quotidien de nouvelles pratiques. Au début, c’est encore un peu timide. Sabrina travaille dans une coopérative agricole, elle y est chargée de communication et très occupée. “J’étais à fond, j’avais besoin de prendre du temps pour moi, de passer à autre chose, de m’investir dans un domaine qui porte mes valeurs, alors j’ai quitté l’entreprise avec la ferme intention de me lancer dans le défi Familles Zéro Déchet”.
Quand Sabrina en parle à Nicolas, sa première réaction est plutôt réticente. Il craint le côté excessif “écolo dingo”.

Début 2019, la famille Toudic-Foussard est dans les starting-blocs : elle reçoit les conseils de Morlaix Communauté qui va l’accompagner pendant six mois. “Au début, on fait un bilan, un état des lieux avec nos habitudes ; nos déchets font l’objet d’une première pesée, par contenant : vert, jaune, noir. On nous donne des conseils”.
Pendant cette période, Sabrina s’inscrit aussi aux ateliers proposés par Morlaix Communauté : le goûter zéro déchet, la découverte des plantes, la fabrication des cosmétiques…

Six mois plus tard, le conseiller revient, pèse de nouveau les déchets. “Il y a un côté challenge, on s’est pris au jeu, en famille, et Nicolas qui était le plus réticent d’entre nous a complètement changé ses habitudes, sans s’en rendre compte.”

“Ce qu’on aimerait dire aux gens qui hésitent, c’est qu’il faut faire petit à petit, gentiment, avancer à son rythme en conservant ses libertés”

Une démarche globale

Changer sa manière de consommer

La famille Toudic entreprend de supprimer les emballages, et pour cela il faut consommer différemment : “On a commencé à acheter en vrac ; j’ai appris dans un atelier de Morlaix Co à fabriquer des sacs en toiles pour mettre mes achats de légumes et puis j’en ai acheté de plus petits, dans lesquels je mets des aliments secs comme la semoule, les lentilles.”

Un sac fabriqué par Sabrina lors d’un atelier aux Chiffonniers de la Joie.

A la maison, il suffit ensuite de verser les aliments dans un bocal. Le verre, c’est sain et durable, d’ailleurs chez Sabrina, il y en a un peu partout dans les placards.

“C’est une organisation différente, mais on s’y fait vraiment très vite !”

Quand Sabrina part faire ses courses, elle prend son cabas : il contient une bouteille en verre pour acheter du jus de pomme ou du vinaigre, des sacs en toile pour les légumes. Parfois, elle fait son propre jus de pomme.
Le lait, elle l’achète tous les samedis à la ferme, en pot de 5 litres. Elle privilégie toujours le commerce ultra local pour favoriser les circuits courts.
Et puis, il y a les animaux, quand on habite à la campagne ce serait dommage de s’en priver, et en plus, c’est drôlement efficace pour plein de choses : les poules mangent toutes les épluchures de légumes et donnent des œufs, avec lesquels on peut faire des gâteaux, des crêpes, des gaufres… terminé les biscuits emballés !
Les chèvres tondent la pelouse : plus de tondeuse, plus de déplacements aux lieux de collecte des déchets verts.

Je suis accueillie par trois chèvres et quelques poules rousses qui semblent s’entendre à merveille. Les poules ont coûté 2 € ; ce sont des poules de réforme. Au bout d’un an, les éleveurs s’en débarrassent, jugées trop vieilles ou moins productives. Si on leur donne du grain, elles continuent de pondre sans problème. Et quand elles pondront moins, elles seront toujours très friandes des épluchures.

Changer ses produits d’entretien et de cosmétique

Une maison saine, c’est aussi une maison qui se vide des innombrables flacons et autres contenants. L’entretien de la maison se fait avec un produit unique composé de vinaigre blanc et de quelques gouttes d’huile essentielle de lavande. Un flacon en spray à chaque étage et zou !

Pour la salle de bain, Sabrina a opté pour le shampoing sec et le savon traditionnel de Marseille : ça dure longtemps et il n’y a plus d’emballage.
Le dentifrice, c’est de l’huile de coco, hyper efficace.

“Paol, qui n’a que cinq ans, est toujours au dentifrice à la fraise acheté en grande surface, on avance à petit pas, sans se prendre trop la tête, sans culpabiliser. Quand il sera prêt, on aura franchi une petite étape supplémentaire. Je crois que c’est comme ça qu’il faut faire pour passer le cap en douceur !”

Sabrina est la seule femme de la maison ; pour ses protections menstruelles, elle a choisi la serviette en tissu.
“Ce n’était vraiment pas le cap le plus facile à passer mais j’en ai trois ; ce n’est pas suffisant, il faut que j’investisse dans deux voire trois de plus. Je les lave à la main pendant la période et en machine après. J’ai deux serviettes et une culotte Réjeanne que je trouve vraiment super bien”.

Nicolas fabrique son propre gel, avec de l’eau, de la gélatine alimentaire, un peu d’huile essentielle pour parfumer légèrement. Il a aussi instauré la lessive de cendre : “On récupère la cendre du poêle, on la met dans un récipient avec de l’eau, on laisse tomber la cendre, on filtre, on ajoute quelques gouttes d’huile essentielle de lavande et le tour est joué. Ça marche aussi bien qu’une lessive industrielle et c’est quasiment gratuit”.

Le zéro déchet, ça change quoi ?

Sabrina est très objective sur la question. Ce n’est pas toujours facile d’entamer cette démarche, de s’y tenir. Le jugement des autres est peut-être ce qu’il y a de plus difficile à gérer. “Au début, on m’appelait Madame Bio, c’était assez moqueur et en plus très réducteur, et puis les amis se sont habitués ; la plupart font aujourd’hui des gestes quotidiens pour diminuer leur impact sur l’environnement. On en a même qui viennent de commencer le défi !”.

Mais les bienfaits sont immédiatement palpables. Pour Sabrina, on se concentre sur l’essentiel, on se sent bien chez soi, on vit différemment avec un objectif : le bien-être. Et puis, on est heureux et fiers de soi.

“On se sent mieux, on a fait du vide dans la maison, ça fait un bien fou !”

Dans la bibliothèque de Sabrina

Famille Zéro Déchet, ZE Guide. Jérémie Pichon. C’est le livre de chevet de toute famille désireuse de débuter le défi ! Ça déculpabilise avec humour et donne des conseils vraiment judicieux !
Thierry Souccar Édition
Secrets et Vertus des Plantes Médicinales.
Le zéro déchet passe aussi selon Sabrina par la médication. Elle a appris à utiliser les plantes pour soigner les petits bobos. L’huile de Thym ou d’ail sont particulièrement efficaces pour soigner les petites infections virales.
France Loisirs
Des Légumes toute l’année.
Sabrina et Nicolas ont investi dans une serre où ils font pousser toutes sortes de légumes.
Rustica Édition